Biographie

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Georges Bernanos naît à Paris le 20 février 1888.

Il passe la plus grande partie de son enfance à Fressin dans le Pas-de-Calais, terreau fertile pour l’imaginaire du futur romancier qui y fera vivre la plupart de ses personnages.

Homme de foi et de passion, anticonformiste et polémiste, Georges Bernanos débute dans le journalisme dans un hebdomadaire royaliste. Il conservera toute sa vie ses convictions monarchistes, en dépit de son évolution personnelle et de sa rupture fracassante, en 1932, avec Charles Maurras, chef de file de l’Action Française.

Réformé après une période militaire en 1911, Bernanos s’engage et fait toute la guerre au 6ème Dragon. Blessé plusieurs fois au champ d’honneur, il survit aux tranchées. Il devient inspecteur d’assurances.

Premier roman, premier succès

Son premier roman, Sous le soleil de Satan, publié en mars 1926 (il a alors 38 ans), remporte un succès considérable qui le convainc de se consacrer exclusivement à l’écriture. S’attaquant au conformisme bourgeois, le romancier du « réalisme surnaturel» et des conflits intérieurs, est surtout l’ennemi de toutes les lâchetés qui diminuent l’homme et de toutes les tyrannies qui l’écrasent.

Il obtient en 1929 le prix Fémina pour La Joie, qui constitue une suite à son deuxième roman, L’Imposture.

En 1933, le passionné de moto qu’est Bernanos devient infirme à la suite d’un accident. Pour cause de difficultés financières, il s’installe à Palma de Majorque, en octobre 1934, où il écrit l’un de ses plus grands chef-d’œuvre, Journal d’un curé de campagne.

Lorsque la guerre civile espagnole éclate, l’écrivain, acteur de son temps, ne tarde pas à prendre le parti des victimes dans le violent pamphlet antifranquiste Les Grands Cimetières sous la lune (1938), qui préfigure déjà la tragédie universelle de la Seconde Guerre Mondiale. L’impact de son témoignage, qu’on peut rapprocher de celui de Malraux avec « L’Espoir », est retentissant. Son ancienne famille politique – Maurras en tête – et certains milieux catholiques le vouent aux gémonies tandis que la gauche applaudit. C’est aussi durant cette période, particulièrement féconde pour l’écrivain, que Bernanos signe la Nouvelle histoire de Mouchette, parcours excessivement sensible, tragique et poétique, d’une gamine de treize ans, petite soeur de misère confrontée à sa solitude absolue.

Combattre les fascismes

Le 20 juillet 1938, fidèle à un rêve d’enfance, Georges Bernanos quitte la France pour le Paraguay, puis le Brésil, alors que triomphent les fascismes en Europe. Il y passera la guerre, défendant sans cesse la cause de son pays déchiré et devenant l’un des grands animateurs spirituels de la Résistance française.

En 1941, il écrit la Lettre aux anglais. Ses fils s’engagent dans les Forces françaises libres. Bernanos donne régulièrement de très nombreux articles pour les journaux brésiliens et des messages à la BBC. En se consacrant à ses écrits de combat, il abandonne aussi définitivement l’écriture romanesque.

De retour en France, en juillet 1945, à la demande du Général de Gaulle, il est terriblement déçu par l’atmosphère politique de la libération et l’opportunisme qui, à ses yeux, la caractérise. Il refuse le ministère de la Culture et, pour la troisième fois, la Légion d’Honneur.

Il fait de nombreuses conférences en Europe. Il y annonce un nouvel ordre bâti sur la vitesse, la recherche exclusive du profit, la “civilisation des machines”. Il met en garde ses semblables contre un monde en proie à la déshumanisation et à l’élimination de toute vie spirituelle. Ces écrits, dont le caractère prophétique ne cesse de s’affirmer depuis – voir La France contre les robots – sont, par contre, très mal accueillis en cette période volontiers euphorique d’immédiate après-guerre.

De nouveau l’exil

Bernanos s’exile à nouveau, cette fois pour la Tunisie (1947). Il y écrit son “testament spirituel”, Dialogues des Carmélites. La communion des saints (par laquelle il nous est accordé de « mourir les uns pour les autres, ou peut-être même les uns à la place des autres ») en est le thème central. Ses tous derniers textes expriment également la quintessence de sa foi chrétienne et de sa spiritualité.

Victime d’un cancer du foie, Bernanos est rapatrié. Il meurt à l’hôpital américain de Neuilly le 5 juillet 1948. Lui qui avait tant médité sur la mort s’éteint en prononçant ces mots : « À nous deux ».